Prendre le temps peut parfois nous paraitre difficile dans une société effrénée comme la nôtre. Dans ce contexte, il est facile de se laisser emporter par le tourbillon de la vie et se hâter d’atteindre des objectifs pour avoir le temps de tout faire. En conséquence, c’est possible que nous exigions ce rythme soutenu à nous-mêmes, et plus intimement, à nos processus de résilience.

Et, si je vous disais que l’une des clés pour renforcer votre force intérieure réside dans un voyage doux et délicat, où le temps devient votre allié plutôt que votre ennemi ? Passer du temps avec soi est un acte d’amour, de rébellion et un pas vers la guérison.  Je vous accompagne dans ce voyage vers une meilleure compréhension de vous-même et de votre capacité à rebondir avec douceur et sérénité.


Dans mon article précèdent portant sur l’art de rebondir, je mettais en avant 7 pratiques pour la développer. Aujourd’hui, je consacre un article entier à la première pratique : respecter son « tempo ».

Si dans votre vie, vous vous êtes déjà fait une entorse, vous savez que prendre le temps de guérir est très important. Cela implique d’arrêter certaines activités sportives, faire des exercices de renforcement musculaire, et de monter en difficulté doucement. C’est un processus qui vous met au service de votre corps et à son écoute. Prendre le temps permet de récupérer la force et de minimiser les risques de se blesser à nouveau. Si, au contraire, on se précipite pour reprendre nos activités, l’entorse risque de s’aggraver ou de nous donner des soucis sur le long terme.

Lorsque nous traversons un moment difficile qui nous a mis à l’épreuve, prendre le temps est également très important. Cela nous permet de nous rendre compte de notre état émotionnel et des besoins du moment. Tout comme pour l’entorse, le fait de ne pas nous écouter lorsque l’on souffre, peut entrainer une accumulation de stress et de la douleur non résolue. Prendre le temps de s’écouter et de nourrir ses besoins permet de guérir intérieurement, de renforcer sa résilience et de se soutenir sur le long terme. C’est en accordant cette attention à nous-mêmes que nous pouvons véritablement grandir et évoluer vers un bien-être plus profond et durable. Comment prendre le temps ? Voici trois pratiques essentielles.

Lorsque nous faisons face à des moments difficiles, il est courant de ressentir des émotions inconfortables, telles que la tristesse, la colère ou la frustration. Bien que ces émotions puissent être douloureuses à vivre, elles nous apportent souvent des informations précieuses sur notre état émotionnel et nos besoins. La tristesse, par exemple, nous invite à l’introspection, la colère nous pousse à nous exprimer et à définir des limites saines et la frustration, quant à elle, nous motive à passer à l’action afin d’apporter un changement nécessaire dans notre vie. Il me paraît ainsi essentiel de prendre le temps d’accueillir sa douleur, dans le but de prendre conscience de son ampleur et nous offrir ce dont nous avons besoin à cet instant-là.

Parfois, il peut arriver que nous vivions une expérience particulièrement douloureuse et que nous ne puissions pas trouver de réconfort, ce qui est tout à fait compréhensible. Accepter cette réalité, sans nous forcer, est déjà un pas important. Mais, si, pour le contraire, nous coupons le lien avec nos émotions, les fuyons ou les minimisons, elles peuvent s’exprimer de façon inattendue. Qui n’a pas vécu un moment où la tristesse, les larmes ou un coup de colère contre une personne innocente ont fait surface, sans que nous nous y attendions ?

Dans le cas des ruptures amoureuses difficiles, par exemple, nous pouvons être tenté.e.s « d’oublier la douleur » en cherchant à combler le vide par de nouvelles relations ou en étouffant la douleur par des distractions. Cependant, il est aussi possible de prendre son temps pour se donner l’opportunité d’écouter le message de nos émotions, comprendre les motifs de la rupture et apprendre de l’expérience passée. Tout cela nous permettra de reconstruire des bases solides pour des relations futures.

Offrez-vous un temps avec vous-même, dans un lieu calme et intime où vous ne serez pas dérangé.e. Vous pouvez noter ce rendez-vous de façon formelle dans votre agenda. Ce moment sera réservé à vous et ce que vous traversez en ce moment : vous pouvez pleurer, crier, sentir la perte, la tristesse ou l’injustice. C’est un moment de liberté pour vivre vos émotions, de les accueillir sans jugement et de les explorer en toute bienveillance. Mettez de la musique, accompagner l’expérience d’un cahier pour noter si besoin, de votre boisson préférrée et à la fin, remerciez-vous pour le courage et la force dont vous avez fait preuve en vivant vos émotions.

Le corps communique avec nous à travers des signaux physiques qui peuvent nous donner aussi énormément des informations sur notre état intérieur et nos besoins. Les signaux de fatigue peuvent indiquer un besoin de repos, la douleur peut signaler une blessure ou une tension excessive, et les sensations agréables peuvent être un signe que vous êtes dans un état de bien-être.

Prendre note de ces messages et apprendre à y répondre, c’est très important pour faire face aux défis de la vie. Quand nous sommes stressées, par exemple, il est normal d’expérimenter de la tension musculaire, une accélération du rythme cardiaque ou une respiration plus rapide. En prenant le temps d’écouter ces signaux, nous pouvons reconnaître le stress et adapter notre comportement pour vivre la situation plus sereinement : techniques de relaxation, des exercices de respiration, des étirements, sport, …

L’écoute de son corps est un processus continu et progressif qui peut ne pas être simple au début. Se reconnecter à son corps, demande parfois de la patience et de la bienveillance. Avec la pratique, il est tout à fait possible de rester connecté.e à ses sensations physiques tout au long de la journée.

Une manière de commencer à prendre le temps de s’écouter peut être de réaliser une méditation afin de se reconnecter avec son corps. Pour cette pratique, je vous recommande cette méditation de Christophe Andrée.

Quand on ose prendre le temps pour soi et pour s’écouter, il me semble très important de le faire dans l’autocompassion. Cela répond à la manière dont on se traite lorsque nous sommes seul.e.s avec nous-mêmes et que nous nous sentons tristes, en colère ou angoisé.e.s. Est-ce que vous êtes aussi gentil avec vous-même comme vous le serez avec un.e ami.e ? La réponse est souvent non. Si c’est votre cas, il est fort probable que vous soyez autocritique envers vous-même.

L’autocritique est une manière de se parler à soi depuis une perspective négative et jugeante. Elle surgit souvent lorsque nous nous sentons déçu.e.s ou frusté.e.s par une situation. Quand nous sommes vulnérables et que les émotions sont trop fortes ou durent trop long temps à notre avis. Malheureusement, l’autocritique peut amplifier l’anxiété que nous ressentons et renforcer le sentiment d’inadéquation ou d’insuffisance. C’est pourquoi, pour moi, lorsque nous rentrons dans une démarche d’écoute de soi et d’acceptation de son « tempo », cultiver l’autocompassion devient primordial.

Si vous avez des difficultés à vous accorder du temps, ou si vous trouvez l’expérience difficile, il est probable que votre autocritique soit trop puissante, ce qui vous empêche de profiter pleinement des moments avec vous-même. Si c’est le cas, cultiver l’autocompassion avant de rester en silence avec soi-même peut être plus adapté.

Écrivez une lettre que vous adresserez à votre meilleur.e ami.e. Imaginez qu’il.elle traverse une situation semblable à la vôtre, que lui diriez-vous ? Comment le réconforterez-vous ? Prenez le temps d’écrire cette lettre. Après l’avoir écrite, relisez-la comme si vous la receviez d’un être cher. Savourez le moment et remerciez-vous pour ce beau cadeau que vous vous êtes offert.

L’autocritique, bien qu’elle puisse se diriger à nous avec des mots durs et douloureux ; elle a souvent comment intention de nous motiver à nous améliorer. Mais, j’ai envie de dire… Et si nous nous motivions avec gentillesse et bienveillance ? Avec des phrases du style : « Je suis là pour moi et j’accueille mes ressentis avec bienveillance, ce n’est pas grave si je me sens ainsi aujourd’hui » ou « Traverser cette épreuve est si difficile, il est normal de se sentir de cette façon », « Même si je ne m’en rends pas compte maintenant, je sortirai plus fort.e », « J’ai confiance en moi » ou encore « Je respecte mon temps de guérison, il est unique et je me soutiens dans mon processus, je fais de mon mieux ».

Après avoir lu ces phases, il se peut que, comme moi, vous vous demandiez : « Attendez… oui, ces phrases font du bien, elles sont bienveillantes et pleines d’empathie, mais je ne risque pas de tomber dans l’inaction ? Je ne pourrai pas atteindre mes objectifs dans la vie si je ne me pousse pas un peu, n’est-ce pas ? » J’en parle justement.

Comme vous, il n’y a pas si longtemps, je pensais que l’autocritique était ce qui me maintenait concentrée sur mes objectifs et me donnait le « peps » nécessaire pour faire face aux difficultés de manière EFFICACE et RAPIDE. Peut-être que nous partageons des phrases du style : « Tu vas arriver nulle part si tu continues ainsi, vas-y, trouve une solution maintenant » ; « Non, mais pourquoi tu te sens encore triste, quelle sensible, allez, bouge, c’est rien ! » ; « T’as vu, un.e tel.le ? Il.elle avait dépassé cela bien plus rapidement que toi…bof ».

Ces phrases incitent au mouvement, c’est vrai, on pourrait même dire qu’elles motivent à aller de l’avant, mais pourquoi nous allons vraiment de l’avant ? Par peur de paraitre nul.le, égoïste, trop sensible, par peur de l’échec ou encore par peur de ce que pensent les autres ?

Depuis l’autocompassion, nous avançons sereinement vers nos objectifs, car l’on se soucie sincèrement de soi-même, et non parce que l’on se sent inadéquat.e, égoïste ou feignant.e. Parce que c’est tout simplement bon pour soi. La recherche montre précisément que les personnes qui sont compassives envers elles-mêmes sont très motivées. Elles ne se découragent pas facilement, bien au contraire, elles redoublent d’efforts après un échec et sont plus enclines à réessayer et à persévérer malgré des résultats décevants. Jolie, n’est ce pas ?

Au cœur de la résilience se trouve l’art de prendre son temps. Il est essentiel de se rappeler que chacun de nous a des besoins et des rythmes qui sont uniques. Prendre son temps ne signifie pas forcément de ne rien faire et d’attendre que le temps guérit nos blessures, mais plutôt d’adopter une attitude d’écoute, respect et confiance envers soi-même tout en réagissant en conséquence. En prenant le temps de comprendre nos émotions, en respectant nos limites et en écoutant attentivement notre corps, nous nous offrons la possibilité de guérir et de grandir à notre rythme. Cela nous permet également de développer une plus grande compassion envers la personne que nous sommes, tout en reconnaissant que nous méritons le temps nécessaire pour surmonter les défis qui se présentent à nous.

Comment puis-je maintenir ma résilience à long terme ?

La résilience nécessite un entretien régulier. Il est important de continuer à pratiquer l’écoute de soi, l’expression émotionnelle et l’auto-compassion même lorsque nous nous sentons mieux. Vous pouvez intégrer ces pratiques dans votre vie quotidienne.

Comment puis-je identifier mes besoins émotionnels et y répondre de manière adaptée ?

Reconnaître nos besoins émotionnels demande une attention particulière. Vous pouvez vous poser ces questions : qu’est-ce qui me fait me sentir vivant.e et épanoui.e ? Qu’est-ce qui me manque dans ma vie ? En écoutant ces réponses intérieures, nous pouvons prendre des mesures pour satisfaire nos besoins émotionnels et renforcer notre résilience.

Comment puis-je surmonter la résistance à prendre le temps nécessaire pour me guérir ?

La résistance à prendre le temps pour soi peut être liée à des croyances limitantes ou à une pression sociale. Il est important de reconnaître que prendre soin de soi n’est pas égoïste, mais une étape essentielle pour se reconstruire. En identifiant les sources de cette peur et en pratiquant la bienveillance envers soi-même, il est possible de surmonter cette appréhension.